Rignariom est en partie détruite, dépeuplée, mais toujours là ! Ses tours majestueuses défient encore ses nombreux ennemis, enfin, ceux qui sont toujours vivants, car l’Exorciste vient d’être égorgé par les alliés du puissant Tséburaï Comb de Phum, Néridas et Khorat, l’Ogre des Glaces !
Meurtri des divers coups qu’il a reçu durant la bataille il souffre surtout de sa vieille blessure, celle que lui a infligé Nesheshkûr, l’Inverse de la vie, le Phoenix de l’immonde Azaphel.
Dans son cabinet de la tour du crâne, véritable sanctuaire au plafond décoré de centaines de lames pendantes, il médite sur les puissances antagonistes du tabernacle et d’Arioch, le Chevalier des Épées qui lui a permis de survivre à l’étreinte de Myr. Ce faisant, à la lumière vacillante de sa vieille lampe à huile, il contemple les divers objets qui décorent son cabinet de curiosité :
l’œuf d’Al Kwassyl
les trois grimoires qu’il a volé au sorcier Melnibonéen
l’encensoire de Shassur Nipal, qui l’a tant aidé à appeler les Ailes d’Aal Zashar dans l’Œil du Dragon.
Hurlement (sa fidèle compagne, volée aux Sartars)
les tablettes de Nirkonset
le livre noir de Shargnatt, le Sorcier Pan-Tangien dévoré au sommet de la Tour du Crâne par l’horreur venue du ciel
le Gong d’Or d’Ulien de Saber
etc...
Le Sorcier aux yeux bridés se dit alors qu’il lui reste bien du travail, bien des choses à étudier pour percer le mystère de la faille... alors même qu’il doit aider le Roi Scia-Scia Solemnus à rétablir l’ordre à Rignariom...
Mais n’est-il pas le Grand Thaumaturge (en second) !? Ne se doit-il pas, pour une fois qu’il dispose de temps devant lui, d’étudier toutes ces reliques ? Et son frère, le Gros Khorat, l’Ogre des Glaces, ne pourrait-il pas l’aider dans cette entreprise plutôt que de se prendre une millième fois le bec dans la Tour du Duc avec Henrik de Krond !?
Tséburaï Comb l’impulsif s’énerve et sent que la douleur revient, alors il se maîtrise... Il étreindrait bien encore une fois Myr en buvant ses larmes mais un courant d’air vient faire tinter les lames qui pendent au dessus de sa tête et Tséburaï abandonne son idée folle. La foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit...
Et cette faille, véritable cimetière des plus puissants sorciers qu’ait porté les Jeunes Royaumes, ne faudrait-il pas monter une expédition pour s’y rendre ?
Et ce fumier de Sultan de Gorjan, la Lame d’El Din, ne faudrait-il pas lui faire payer l’affront qu’il a fait à Rignariom en l’enchainant au sommet de la tour du Crâne afin qu’il alimente le garde-mangé de la Bête de la Nuit, au cas où elle revienne un jour ?
Sur sa couche, une fois la mèche de sa lampe éteinte, le sorcier s’assoupit en rêvant. Son esprit vagabonde et l’immense étendue du désert crépusculaire se déploie devant lui. Il aperçoit alors à la lueur d’une lune de sang l’immense faille légendaire à l’intérieure de laquelle il distingue des piliers noirs et brisés, des portes en ruine couronnées de sphynx, des pierres titanesques et de monstrueux lions ailés... Soudain, une odeur douteuse le tire de son songe onirique ; on dirait que Khorat, l’Ogre des Glaces approche...
To be continued...
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